Agnus Dei

Il n’est pas rare de trouver des petites galettes de cire blanche dont le relief représente un agneau portant une croix. Ce thème de l’Agnus Dei renvoie bien évidemment au symbole du Christ ressuscité, victime pascale (dans la continuité du repas des Hébreux quittant l’Egypte) mais vainqueur du mal et de la mort.

D’où viennent ces petits objets de dévotion ? Il semblerait que les Romains – et sans doute d’autres populations – aient pris l’habitude d’emporter chez eux des fragments du cierge pascal béni la nuit de Pâques et qui symbolise la résurrection du Christ vivant au milieu de ses fidèles. Ces fragments auraient été perçus comme des protections contre le démon.

Une des plus anciennes mentions de cet usage est donné par Amalaire de Metz, né vers 775 et mort en 850, archevêque de Trèves, un temps administrateur de Lyon, qui est connu pour son traité De ecclesiasticis officiis : benedici ceram… indeque fieri agnos eosque … dari populo ex his incensum… ad suffumigandum domibus suis (1, 17, 1). Martin Gerbert, abbé de Sankt-Blasien en Forêt-Noire et auteur d’un traité sur les anciens usages (Monumenta veteris liturgiae Alemannicae, Sankt-Blasien, 1779, t. II, p. 220), indique : « le dimanche suivant Pâques, on distribue après la messe et la communion des Agnus en cire, que les fidèles emportent chez eux pour purifier leurs maisons selon les nécessités. Dans les églises de la banlieue romaine, on bénit également ces objets en cire ». L’érudit précise qu’ils sont placés dans les maisons, les vignes, les champs, propter illusiones diabolicas sive contra fulgura et tonitrua : contre les illusions diaboliques ou contre la foudre et le tonnerre.

Ces médaillons, façonnés sous une forme ovale et pressés pour obtenir un relief, sont bénis et distribués par le pape. Devenus objets de dévotion officielle, ils sont parfois montés dans des tableaux reliquaires. Les Agnus portent généralement le nom du pape qui les a bénis et l’année de son pontificat durant laquelle il a procédé à ce rite, voire le millésime.

Les exemples reproduits ci-dessus sont bifaces : les revers montrent en buste le profil du Christ et celui de Marie, d’autre saint Joseph et l’Enfant, la Vierge et l’Enfant, une Vierge aux sept glaives, une crucifixion, saint Antoine abbé ; l’avers porte l’image de l’Agneau et l’indication habituelle, ici : Pius XI P. M. anno IV 1925, ce qui donne : « Pie XI, souverain pontife, 4e année (de son pontificat), 1925 ».

Ce lot d’Agnus a été rapporté de Rome par un missionnaire et donné à une famille de Mulhouse.