Benoît JORDAN, Le mobilier et les objets dans les édifices religieux chrétiens d’Alsace, Drulingen, 2012. Collection « Alsace Histoire » N° 6.
De toute évidence, il incombait à Benoît Jordan – notre secrétaire et actuel président par intérim – de s’atteler à la tâche et de rédiger ce volume qui touche à l’un de ses centres d’intérêt, sinon à son sujet de prédilection.
Disons dès l’abord que le résultat – par le fond et la forme – correspond certainement à l’attente de bien des lecteurs qui ne sont pas nécessairement au fait de toutes les spécificités en la matière. Le judaïsme sera traité dans un autre volume de la collection.
Un indispensable glossaire, relatif aux deux cultes, permet au lecteur d’appréhender les réalités évoquées dans le corps de l’ouvrage. Indispensable aussi, le rapide survol des grandes époques de l’histoire de l’art, des origines à l’an 2000.
La seconde partie est vouée au cœur même du sujet, les lieux et les objets. Après l’étude de l’agencement interne des lieux de culte – catholiques, protestants et simultanés – vient celle des ornements, puis des objets propres à chaque culte. Le lecteur trouvera la photo d’un surplis (comme il ne s’en porte plus) – plié et noué dans les règles de l’art – et apprendra que « le rideau placé devant un tabernacle » porte le nom de conopée. Dans les objets, les « anciens » retrouveront avec plaisir le dais de la procession de la Fête-Dieu, le Kleppri et une grande crécelle utilisés le Vendredi saint (p. 63) ; d’autres apprendront à connaître la pyxide dans laquelle le prêtre place l’hostie qu’il porte à un malade. Cloches et orgues – qui méritent une analyse particulière, comme l’indique dans la préface le responsable de la collection, Jean-Michel Boehler – ne sont qu’évoquées.
« Ecrire l’histoire d’un édifice ou d’une communauté religieuse » constitue l’objet de la troisième partie. Outre l’indispensable renvoi aux archives et à la bibliographie, sont abordées quelques problématiques propres au sujet : les artistes et artisans, la production en série (ostensoirs, chemins de croix …), l’orfèvrerie, les tissus et ornements, le commerce des objets liturgiques, les commanditaires et les donateurs.
La dernière partie revêt un aspect très pratique : « Conserver, préserver, expliquer », non sans évoquer d’abord une question de droit, celle de la propriété. Conserver de tels objets impose la sécurité contre le vol, l’humidité, l’incendie, l’assurance. Le stade préliminaire consiste à en dresser l’inventaire. Suivent des conseils judicieux pour leur entretien et leur mise en valeur. Ce chapitre s’adresse, au fond, aux conseils de fabrique, responsables du patrimoine de leur église.
L’illustration réserve d’heureuses surprises, comme ce tintinnabule de la basilique de Marienthal (p.11) que peu de gens doivent connaître ou encore cet orfroi de chasuble du XVIe siècle conservé au Musée du Florival à Guebwiller (p. 22), la châsse de sainte Vincence à Turckheim (p. 66), la chasuble offerte à la paroisse d’Andlau par l’impératrice Eugénie (p. 79), l’intérieur de la chapelle des Larmes au Mont Sainte-Odile avant les transformations de 1936 (p. 95). Plaisante pour celui qui n’a jamais visité Bourgheim : la vue intérieure de l’église simultanée dans laquelle il a fallu faire des efforts pour loger tout le monde !
Louis Schlaefli
Ouvrage disponible en librairie et à la Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie d’Alsace, 9 rue de Londres 67000 Strasbourg. Tél. : 03 88 60 76 40 www.alsace-histoire.org