L’érouv, délimitation de l’espace dans le judaïsme

L’érouv

Un érouv (hébreu : ערוב, mélange) est une clôture destinée à être utilisée par une communauté juive. L’érouv délimite, dans les villes où il y en a, la zone dans laquelle certaines activités normalement interdites, comme l’action de porter, peuvent être réalisées lors des jours de chabbat et de certaines fêtes juives.

Cette clôture peut être réelle (ainsi, dans le cas d’une ville naturellement entourée de murailles) ou symbolique (un simple fil, tendu entre des arbres et des poteaux électriques, fait alors l’affaire). C’est ce dernier cas, celui d’un érouv artificiel, qui a attiré l’attention sur le phénomène.

Dans les faits, la présence d’un érouv artificiel n’est pas visible pour la majorité de la population, à l’exception des Juifs de stricte observance.

En Alsace, dans certains villages, les Juifs avaient obtenu l’autorisation de tendre un fil qui établit une limite autour de la bourgade, afin d’avoir le droit de porter pendant le Chabbat. Ce fil était fixé assez haut pour que les charrettes chargées de foin ne le rompent point.

Le 24 Nivôse de l’an II (13 janvier 1794), le comité de surveillance de Hagenthal-le-Bas décréta que, parmi tous les signes extérieurs des cultes qui devaient disparaître comme contraires à l’égalité régnant désormais entre les citoyens, il convenait que les Juifs « enlèvent les fils de fer qui sont tendus d’une maison à l’autre » ; le directoire du district d’Altkirch, devant lequel les Juifs avaient introduit un recours, confirma cet arrêté (Cité par J. Joachim, Annuaire de la société d’histoire sundgovienne 1954, p. 51).

C’est un rituel auquel les traditionnalistes alsaciens sont attachés : lorsque les Eclaireurs Israélites de France installent le camp d’été, une de leurs premières préoccupations est de tirer une limite , avec un cordeau et des pieux : l’érouv.

A Strasbourg , l’ érouv est essentiellement constitué par les talus de chemin de fer et les rivières ou canaux entourant la cité. La question de l’érouv est parfois litigieuse en 2013 : l’érouv peut sembler poser problème pour le respect de la laïcité; certains y voient une récupération religieuse de l’espace public.

En 2001, une demande pour un érouv à Outremont, un quartier de Montréal, avait été refusée par les autorités de cette ville, mais cette demande fut par la suite autorisée par un jugement de la Cour supérieure du Québec. D’autres municipalités de par le monde ont vécu des controverses à ce sujet, notamment Saint-Brice-sous-Forêt en France.

Les controverses existent aussi entre les communautés traditionnelles orthodoxes, comme celle de Strasbourg et les branches ultra-religieuses qui estiment que l’érouv n’est pas « cacher » et donc ne portent rien , même pas leurs enfants, hors de la maison, le Chabbat. Il s’agit ici d’une interprétation typiquement intégriste du texte.

La connaissance de cette limite chabbatique permet de comprendre le comportement des Juifs de stricte observance le samedi : pas de sac à main pour les dames, pas de parapluie…

L’érouv n’est pas une prescription qui apparaît dans le Pentateuque, mais elle est hala’hique, c’est à dire, issue du Talmud ; ceci explique que l’interprétation de cette recommandation peut varier selon les traditions communautaires. 

                                                                                                Michèle Jablon

 

Bibliographie :

Etude par Freddy Raphaël publiée sur le site du Judaïsme alsacien : judaisme.sdv.fr

Encyclopédie juive en ligne.