L’association du Conservatoire du patrimoine religieux en Alsace a tenu son forum annuel à Mulhouse vendredi dernier à l’agence territoriale de la région Grand Est, tout à côté de la gare. Le thème traité était le suivant : « patrimoine et fait religieux : comment l’enseigner et quel sens lui donner ? ». Une vaste question traitée brillamment par trois orateurs.
Aujourd’hui, l’usage et le sens de certains objets religieux ont tendance à disparaître avec la baisse de la pratique religieuse. Et le but du Conservatoire du patrimoine religieux est double : faire connaître les objets, leur usage mais aussi leur sens, forcément reliés à un culte qu’il soit juif, protestant ou catholique.
Michèle Jablon prit la parole pour exposer les objets et pratiques du culte juif afin de les faire comprendre aux non- pratiquants et aux non-juifs en remplacement du rabbin Heinmann, adjoint du grand Rabbin du consistoire du Bas-Rhin, retenu. Elle s’attacha à expliquer l’usage des objets (mezouza, chandelier, menorah) mais aussi le rituel alimentaire (« Tu ne cuiras pas le chevreau dans le lait de sa mère ») ou vestimentaire (tsitsit, phylactères,kippa). Elle insista sur le fait que « c’est le symbole qui compte, pas l’objet lui-même. Et que le sacré pour le juif est son lien à Dieu exclusivement. »
Le pasteur Philippe Eber dans sa conférence lue par Anne Chevanne, présidente du Conservatoire du patrimoine religieux expliqua que « chacun a besoin d’une maison pour, à partir de là comprendre le monde. Ce qui permettrait de justifier ainsi la place de l’architecture». Il ajoute aussi : « il faut toujours essayer de chercher l’autre. L’église rassemble la communauté et ce que nous avons reçu des générations passées nous est confié. » Avec deux questions majeures à se poser : que voulons-nous transmettre et comment transmettre le patrimoine religieux ? Et cette évidence bienvenue : « nous ne pouvons transmettre le patrimoine sans amour et sans partage. » Et pour cela, il faut être inventif soit en transformant les jeunes en acteurs soit en leur donnant un document pédagogique et /ou spirituel.
Enfin, Benoît Jordan, Conservateur en chef aux Archives de la ville et de la communauté urbaine de Strasbourg mit l’accent sur le fait que les rites sont plus importants chez les juifs et les catholiques, moins chez les protestants. Et que des difficultés subsistent comme le vocabulaire (grâce, salut…) ou la notion du temps religieux ou encore le symbolisme des signes comme la croix ou l’étoile de David. Les connaissances des enseignants dans ce domaine du patrimoine religieux sont extrêmement faibles. Il est donc primordial pour le concepteur d’exposition de guider la découverte du visiteur sans jouer avec le sacré. Tâches dans lesquelles Benoît Jordan excelle pour les expositions du cloître des récollets à Rouffach, visibles tout l’été. Une autre activité du Conservatoire du patrimoine religieux à découvrir !
Laurence Levard
Le sens des objets et pratiques du culte