La question de l’Image dans les religions est actuellement agitée. C’est un problème qui intéresse toutes les croyances et pose la question de l’identité religieuse individuelle et collective.
L’examen de plusieurs sous-thèmes permettra d’approcher le sujet :
- ce qui est interdit et ce qui est permis ;
- la relation au beau et l’esthétique ;
- un usage pédagogique ;
- un soutien à la prière.
Ce qui est interdit et ce qui est permis
La Bible contient le commandement divin de réaliser des « images taillées »de forme humaine et de leur vouer un culte. Il est clair que le souci premier est d’éviter l’idolâtrie.
« Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. Tu ne te feras pas d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras pas devant elles, et tu ne les serviras pas ; car moi, l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent,… » (Exode 20,4). L’interdiction est reprise dans le deuxième commandement (Deutéronome 5,8).
Au sein du judaïsme depuis le XIXe siècle, la représentation de Moïse, d’Aaron, des juges et des rois d’Israël a été tolérée.
Pour les chrétiens, l’incarnation de Dieu en Jésus Christ a établi une nouvelle relation à Dieu qui peut être représenté, mais selon des critères établissant un culte rendu à la Divinité à travers l’image qui la représente. Après une période de totale interdiction en Orient grec, le culte des images est devenu une composante importante du culte orthodoxe, avec les décisions du IIe concile de Nicée (787). En revanche, en réaction aux dévotions catholiques, Jean Calvin prône un abandon complet des images, ne conservant que la croix nue, sans représentation du corps de Jésus.
Dans la célébration des cultes chrétiens, orthodoxes et catholique, l’image joue un rôle plus ou moins important : on vénère la croix, on allume des bougies devant les statues, on les encense… Ces marques de dévotion s’adressent non pas à l’objet – ce serait de l’idolâtrie – mais à la personne représentée.
Pour l’Islam, l’interdiction de représenter Dieu ressort de l’interdit non écrit : le Coran reste silencieux sur le sujet. Les Hadiths, écrits de penseurs et qui ont force de loi, interdisent plus nettement la représentation humaine et de tout être vivant, car le dessinateur ou le sculpteur se poserait en concurrent de Dieu. Surtout, représenter Dieu serait le réduire à une image alors qu’il est Infini. Mahomet, qui est le Prophète mais un simple homme, serait entraîné dans cette marque de respect.
La question a été cependant été perçue différemment selon les lieux, les personnes, les époques. Les miniatures persanes ou turques n’hésitent pas, au XIVe e ou au XVe siècle, à représenter le prophète. Une autre conséquence de l’interdit de l’Image serait le développement de l’art de la calligraphie arabe.